" Si la froideur avait un visage, elle aurait le sien. Dans son regard de conquérant, on ne parvient pas à lire grand chose, j'ai pourtant essayé. Les seuls sourires de sa part que j'ai pu intercepter étaient malsains... C'était presque si ses lèvres et ses yeux appartenaient à deux personnes différentes. Ce jour là, j'ai senti mon sang se glacer, j'ai perdu mes moyens face à un gamin dix ans plus jeune que moi, qui est pourtant mon patron. Son sourire s'est même élargi alors qu'il lisait en moi combien j'avais la trouille en le regardant.
Il n'a plus rien à prouver, ni à lui, ni à personne d'autre. Aujourd'hui, son arrogance et son insatisfaction constante ne m’atteignent plus. Du moins, j'ai appris à prendre sur moi.  Cela fait cinq ans que je suis à ses côtés et jamais nous n'avons échangé sur un autre sujet que le travail. Toujours le  travail. Beaucoup disent qu'il n'a pas de vie à côté de son entreprise, qu'il ne pense qu'aux chiffres et qu'il n'a pas le cœur à partager sa vie avec qui que ce soit. Mais le peut-il vraiment alors qu'il a fait de cette ville son empire ? Parfois, je regrette son père parti trop tôt...  "